Mémoire de Hugo Panebieres.
Depuis un demi-siècle le secteur associatif s’est adossé à l’Etat ou au Marché pour structurer son développement. La profonde transformation de ces deux acteurs de la vie sociale et économique a eu des répercussions dans toute la société, dont le monde associatif. L’économie sociale et solidaire en tant que secteur s’est, elle, structurée en intégrant en son sein ce nouvel environnement, notamment à travers le courant de l’entrepreneuriat social qui véhicule avec lui les valeurs et les méthodes issues de l’économie marchande capitalisée. Ce secteur de l’ESS – près de 10% du PIB de la France – s’est pourtant construit des structures juridiques, des valeurs ou des discours qui auraient pu laisser imaginer la possibilité de »travailler autrement ». Mais nous le voyons à travers la Dar Lamifa, l’intégration progressive des associations ou des coopératives dans le Marché ou dans un Etat devenu gestionnaire ne peut plus laisser croire que les seules structures juridiques, dont se sont dotées ces entreprises sociales, peuvent encore les protéger du »nouvel esprit du capitalisme ». Et s’il nous semble que nous sommes encore loin d’une »autre économie », c’est pourtant encore au sein de ces associations qu’il est possible d’expérimenter »d’autres rapports à l’économie », souvent à des échelles de quartier, de groupes de personnes ou de petits réseaux. Ce qui se joue dans les associations comme la Dar Lamifa, c’est la réactualisation d’un questionnement traversant la société depuis des siècles, à savoir les modalités qui relient ou délient l’économique au politique. Notre mémoire s’inscrit dans ce questionnement en le mettant en lumière, au travers des deux notions que nous avons explorées, la gestion et le collectif.