Mémoire de Simon Bouvard.
Les initiatives urbaines inspirées des tiers lieux et des communs se développent de manière importante dans les grandes métropoles françaises. Malgré cela, force est de constater que celles-ci ne touchent que trop peu les principales victimes de l’exclusion. Certains projets, comme les Cinq Toits, intègrent néanmoins la pratique du travail social.
Si les communs composés dans l’espace urbain entendent répondre à des besoins, comme le manque d’accès à des locaux, ce sont rarement ceux des couches les plus défavorisées de la société. Or, l’intérêt des expériences des Grands Voisins et des Cinq Toits réside précisément dans la tentative d’inscrire, par le biais de l’intervention et du travail social, des personnes exclues dans ces alternatives qui commencent à s’instituer. L’idée de ces projets est en effet d’installer des établissements d’aide sociale, dans les cas mentionnés des centres d’hébergement pour personnes exclues, au cœur d’un écosystème directement inspiré des communs urbains et des tiers-lieux, en associant acteurs associatifs, publics et organisations spécialisées dans la conception d’occupations temporaires. Sans prétendre apporter des solutions aux crises que traversent l’intervention sociale, ces projets permettent d’entrevoir des perspectives qui replacent le collectif et la solidarité citoyenne au centre de l’action. En effet l’idéologie des communs peut être féconde pour repenser le lien social dans l’idée de participation et de gouvernance locale et peut donc se révéler prometteuse quant aux objectifs d’insertion sociale poursuivis par les acteurs de l’intervention sociale. Mais ces projets jouent aussi le jeu d’acteurs divers qui y placent parfois des intérêts économiques et/ou politiques, ce qui peut avoir pour effet d’en limiter la portée sociale.