Mémoire de Violaine Magnien.
Le réseau inter-coopératif de SCIC que forme le projet Enercoop, fournisseur d’électricité 100% renouvelable et locale, ne déroge pas à la complexité d’un projet à plusieurs parties-prenantes. Enercoop semble vivre aujourd’hui un moment charnière de son histoire. Fort d’une excellente croissance économique, riche d’un capital social conséquent apporté majoritairement par des sociétaires militants, le projet s’apprête à changer d’échelle et à dépasser ce premier cercle de convaincus pour toucher un plus large public et offrir de nouveaux services. Cette phase de croissance est connue de la littérature scientifique pour être celle de tous les dangers pour le volet politique du projet coopératif. Lors de la phase de développement et d’investissement, les risques pris sont vécus intensément par les porteurs de la stratégie et les contre-pouvoirs et autres contradicteurs sont mal venus. La vie démocratique de la structure entre alors, à l’inverse de la vie économique et financière, dans une phase de récession. Au même instant le réseau des 10 coopératives essaimé durant les 12 années de vie du projet, doit choisir un nouveau mode d’organisation. L’actuel fonctionnement n’étant que l’incrémentation de réactions suite à la fulgurante croissance du projet, il faut décider la conservation d’un modèle participatif pour les coopératives régionales, aujourd’hui apporteurs d’affaires pour le siège parisien; ou bien l’aplanissement du modèle avec un renforcement du projet régionaliste. Les tensions entre les équipes parisiennes et celles des régions sont palpables, symptôme de cette bifurcation à prendre.