L’insertion par l’activité économique peut-elle échapper au genre ?

Mémoire de Sabine Martel.

Ce mémoire de recherche interroge les rapports de genre dans le secteur fortement féminisé de l’Insertion par l’Activité Economique. À travers des interviews avec des directrices et l’analyse des pratiques des instances dirigeantes, je montre que les organisations produisent des inégalités entre les femmes et les hommes, qui restent invisibilisées.

Investie dans l’Insertion par l’Activité Economique depuis quinze ans, j’ai le sentiment qu’au sein des conseils d’administration, ma parole est moins considérée que celle des hommes.

L’objet de mon mémoire est donc d’étudier les rapports de genre dans les organisations d’Insertion par l’Activité Economique. Il s’agit également d’analyser le rôle des directrices dans la reproduction de relations inégalitaires et dans leur transformation.

Pour réaliser cette recherche, j’ai combiné des méthodes quantitatives et qualitatives. J’ai notamment exploité des statistiques et des supports documentaires, mené des observations en réunions de bureau et 14 entretiens semi-directifs auprès de directrices de SIAE.

Dans l’IAE, la production d’inégalités se retrouve au niveau des fondateurs, dans les statuts, la gouvernance, les aspects économique et entrepreneurial, où le masculin prédomine. De plus, une division sexuée du travail, involontairement soutenue par les directrices, dévalorise et précarise particulièrement les femmes, même sur des actions à visée émancipatrice. Les directrices, quant à elles, cultivent le complexe d’imposture et restent sous le joug de présidents qui ne leur laisse pas de réelle autonomie de décision. En dépit des valeurs affichées et des lois, l’égalité femmes-hommes reste un angle mort des organisations.

Ainsi, l’IAE n’échappe pas au genre. Le changement et une prise de conscience collective pourront advenir avec l’empowerment des dirigeantes.