Mémoire de Carole Denis.
Ce mémoire a pour objet l’étude de l’intégration d’une nouvelle politique publique et ses effets dans un secteur d’activité, celui de la prise en charge des personnes porteuses de handicap intellectuel. En analysant la construction du champ organisationnel dans sa dimension socio-historique, puis les enjeux spécifiques de la contractualisation Etat /Associations, cette étude questionne la transformation de la morphologie du secteur et ses impacts sur les modèles existants.
La prise en charge des personnes handicapées mentales en France est le fruit de la mobilisation de parents, fédérés en associations, militant pour la création de réponses spécialisées aux difficultés de leurs enfants. Trouvant écho dans les politiques publiques, ce mouvement a structuré le champ organisationnel et idéologique. Par les effets croisés des politiques inclusives et des Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens, les associations gestionnaires sont soumises à une révolution paradigmatique les obligeant à repenser leurs modèles et mettant en œuvre de nouveaux jeux d’acteurs dans un champ jusqu’alors stabilisé. Prises dans un effet ciseaux entre une injonction politique et des contraintes budgétaires, les associations produisent de nouveaux modèles de prise en charge. Ce mémoire met en lumière les impacts de ces choix sur les métiers, les organisations et les personnes elles-mêmes. Par ce biais, est soulignée la nécessaire réflexion que les dirigeants associatifs ont à porter sur le projet et sur le sens qu’ils souhaitent donner à l’organisation dont ils ont la responsabilité. La vision idéalisée de l’entreprenariat social, par la dépolitisation du projet et par le rapprochement avec le monde marchand, fait courir aux associations médico-sociales le risque de dévolution de leur projet d’utilité sociale. Les associations du secteur ont un rôle à jouer dans la défense des personnes les plus vulnérables face aux injonctions néo-libérales qui leur sont faites.