Mémoire de Marie-Hélène Nougaret.
Ce mémoire explore un mode de gouvernance récent dans l’ESS, l’holacratie. En le mettant en perspective avec d’autres modèles de gouvernance, notre travail interroge sa pertinence comme mode global de gouvernance pour les organisations de l’ESS, et notamment les SCOP et les SCIC, ainsi que son usage comme outil de management opérationnel.
Ce sujet trouve son origine dans un écosystème SCOP+SCIC qui avait adopté de façon utopique la gouvernance holacratique et traversait une crise. Nous avons donc mené une analyse théorique sur l’holacratie et une étude de cas sur les pratiques de cet écosystème afin d’obtenir des éléments de réponse à notre question. Ce travail nous a permis de dégager la double dimension de l’holacratie.
La première est une gouvernance opérationnelle assimilée à une technique managériale. Elle repose sur des règles d’organisation et des process cadrés et rigides. Appliqués avec rigueur, ils délivrent un fonctionnement efficace et en autonomie aux cercles et rôles de l’organisation. Si les pratiques sont alignées avec la raison d’être, cette gouvernance opérationnelle peut fournir agilité, robustesse et résilience. Cependant, ce système peut se gripper si les règles du jeu ne sont plus respectées et que des conflits paralysent les processus de décision.
La deuxième dimension de l’holacratie est une gouvernance pleine et entière qui appréhende l’organisation comme un organe vivant, doté de sa propre raison d’être au monde, indépendante des individus que la composent. S’orientant grâce aux tensions captées par les représentants des parties prenantes de son environnement et de ses cercles internes, cette gouvernance n’est pas sans rappeler la structure multipartites des SCIC. En revanche, elle semble mal s’accommoder avec l’identité coopérative des SCOP du fait de l’absence de contre-pouvoirs.
