Mémoire de Lucie Verpraet.
L’ESS n’est jamais facile à présenter. Elle recouvre une myriade de réalités et du même coup, de définitions possibles. Ce qui rend complexe sa promotion dans sa globalité. Et dans un souci de représentation, l’injonction au rassemblement et à la création d’une parole commune est forte. Quels sont les procédés communicationnels à l’œuvre dans la production d’un discours institutionnel de plus en plus homogène ?
L’enjeu de ce mémoire est de vulgariser une économie qui vit dans un relatif anonymat tout en analysant le discours qui est produit à son propos. D’où vient cette voix qui nous paraît lissée, sans aspérité de l’ESS, au regard de cette hétérogénéité d’acteurs qui la compose ? Et comment par l’analyse détaillée on peut observer malgré tout, des traces de conflictualités ? Car l’ESS est pleine de paradoxes. C’est un champ à la fois très vaste mais où règne un entre soi très fort. De plus, le discours alterne entre généralités, concepts vagues ; et discours spécialisé, scientifique, académique. Enfin, elle se revendique comme une « économie citoyenne » mais est finalement très institutionnelle et peu accessible ; notamment par le discours qu’elle porte. Cette étude nous permet de comprendre comment on en est venu à accepter un discours qui prend un tour un peu général, global, qui fait apparaître peu de conflictualité au premier abord. Elle questionne les stratégies de plaidoyer à travers le regroupement physique des acteurs et l’élaboration d’un discours d’expert qui prend notamment racine dans l’extraction d’un vocable administratif, la profusion de sigles, des outils scientifiques (impact social, observatoire), et la place accordée aux travaux universitaires. Le discours se spécialise et se libéralise (exclu et s’ouvre à la fois) ; et semble peu adressé au grand public.