Mémoire de Hubert Launois.
Ce mémoire, rédigé en 3A dans le cadre du Parcours Civique de Sciences Po, revient sur trois années d’engagement au sein d’Emmaüs. Il analyse la place de l’Économie Sociale et Solidaire face au retrait de l’État-providence et propose, à partir de l’exemple d’Emmaüs, une réflexion sur une solidarité émancipatrice.
Ce Grand Écrit propose une réflexion structurée sur l’évolution des rapports entre l’État-providence et l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), à partir de l’exemple d’Emmaüs. Il part du constat d’un retrait progressif de l’État dans l’organisation de la solidarité, marqué par la montée du néolibéralisme, la conditionnalité accrue des aides sociales et une réorientation de l’action publique vers ses fonctions régaliennes. En parallèle, l’ESS s’est développée, prenant en charge des missions d’intérêt général délaissées par l’État, mais souvent dans une position fragile et sous-financée. Le mémoire retrace l’histoire croisée de ces deux modèles, en montrant que si l’État-providence s’est construit en intégrant des formes de solidarité issues de l’ESS (coopératives, mutuelles), il tend aujourd’hui à en déléguer les fonctions sans en garantir les moyens.
Dans une seconde partie, le mémoire propose une typologie des conceptions de l’ESS : palliatif privé, partenaire de l’État, ou acteur de transformation sociale. Y est défendue une quatrième voie, inspirée de penseurs comme Stirner, Tolstoï et Landauer : celle d’une solidarité relationnelle, décentralisée, éthique et vécue, fondée sur des devoirs plus que des droits. Dans ce cadre, Emmaüs est présenté comme une “utopie concrète”, capable de dépasser les logiques de marché et d’État, à condition de relever certains défis : viabilité économique, autonomie politique, cohérence éthique.
