Mémoire de Blandine Bertrand.
Comment expliquer que Syndex, cabinet historique d’expertise aux représentant.es du personnel, ait perduré pour devenir et rester un des leaders du marché, tout en maintenant et revendiquant son modèle autogestionnaire, malgré les prédictions d’une « dégénérescence démocratique » ?
Passé d’une dizaine d’intervenant.es indépendant.es en 1971, à 420 salarié.es aujourd’hui, le cabinet d’expertise-comptable Syndex a su évoluer pour devenir et se maintenir dans le podium des leaders du marché. De son mythe fondateur jusqu’à sa pratique actuelle, sa structure autogestionnaire a évolué pour perdurer, malgré la fin de « l’âge de l’autogestion » (Rosanvallon, 1976), le développement économique de la société et la transformation de son marché économique. En effet, si Syndex est actuellement numéro deux du marché français, ce n’est pas malgré sa culture et son organisation, mais bien grâce à elles. Le développement de son organisation autogestionnaire faisant partie du projet de Syndex, autant que son développement économique, et alors même que ces deux objectifs peuvent entrer en contradiction, la structure, la culture et les interactions ont permis de mettre en oeuvre des changements incrémentaux et des transformations (Tushman et Romanelli, 1985) qui ont renforcé et fait perdurer son modèle organisationnel tout en accroissant son activité, au sein d’un marché qui s’est développé au grès des évolutions législatives. Si sa structure autogestionnaire peut être source d’innovation, elle comporte cependant des limites, que ce soit par la hiérarchie qui y règne et les inégalités de participation qu’elle génère, ou bien par le rapport de force en vigueur qui permet aux acteurs dominants de résister aux évolutions adoptés, ou bien de cadrer les adaptations permises.