L’économie sociale et solidaire face aux nouvelles pratiques de consommation en ligne

Mémoire de Denis Valorge.

Acmé des méfaits de l’ultra-capitalisme (aliénation, désintégration du lien social, contribution au désastre écologique…), la marketplace constitue un bon résumé de tout ce que l’ESS ne veut pas être. Affronter les paradoxes pour offrir une alternative à Amazon et consorts à l’échelle d’un territoire est pourtant le défi des initiateurs de Neva.

Le e-commerce est devenu une pratique de consommation courante, encore renforcée par la crise sanitaire mondiale traversée entre 2020 et 2022 : huit français sur dix de plus de 15 ans utilisent aujourd’hui Internet pour faire leurs emplettes. À l’intérieur de cette nouvelle habitude de consommation, la marketplace s’impose comme un vecteur d’achats de plus en plus évident.

Face à cette activité digitale qui regorge de pratiques opposées à ses valeurs fondamentales (liberté individuelle et collective, lien social, écologie, économie plurielle…), l’économie sociale et solidaire peut-elle proposer un autre modèle ? Tandis que des travaux récents abordent le sujet à travers le prisme du coopérativisme de plateforme (Boudes, 2019 ; Compain, 2021 ; rapport TAPAS, 2021), l’auteur de ce mémoire utilise la riche littérature relative aux paradoxes en organisation (Lewis et Smith, 2011 ; Jay, 2013, Bollecker et al., 2016) pour décrypter le parcours d’un projet de marketplace en SCIC sur la Métropole de Lyon. Tiraillé entre idéaux éthiques et réalité économique, entre logique associative et logique entrepreneuriale, Neva peut-il tirer profit de la force créatrice des paradoxes rencontrés pour se muer en alternative aux plateformes oligopolistiques ?