Mémoire de Héléna Suffrin.
Ce travail interroge la dimension transnationale des coopératives de consommation françaises à la fin du dix-neuvième siècle. L’analyse des pratiques commerciales du mouvement et de son militantisme socialiste constitueront des points de départ pour comprendre les interactions entre coopérateurs français, anglais et belges.
Cette recherche vise à comprendre comment les coopérateurs français se sont approprié les méthodes de leurs aînés anglais et belges grâce aux circulations d’hommes, d’idées et de marchandises pendant l’âge d’or du mouvement, de 1880 à 1912. Sans pour autant se rattacher à l’internationalisme des mouvements ouvriers de la fin du siècle, cette analyse met en lumière le caractère ambivalent du rapport des coopérateurs français avec leurs voisins.
Le constat d’un décalage entre les ambitions commerciales des coopérateurs anglophiles et les convictions politiques des coopérateurs affiliés à la Belgique conduit à s’interroger sur la possibilité de concilier objectifs économiques et militantisme politique. La démarche de ce mémoire pourrait donc se résumer à deux questions : les coopératives de consommation françaises sont-elles parvenues à conjuguer capitalisme et socialisme au sein de leur mouvement ? Surtout, quels rôles ont joué les modèles anglais et belges dans cet arbitrage ?
Afin de trouver des éléments de réponse, ce mémoire prend appui sur l’analyse de journaux et de rapports de congrès du mouvement conservés au Musée Social (Paris) et à la Bibliothèque Nationale François Mitterrand, l’objectif étant de comprendre les moyens par lesquels les idées anglaises et belges ont transité vers la France, que ce soit par le biais de congrès internationaux, de voyages d’études ou encore de journaux aux comités binationaux.