Mémoire d’Audrey Rousselle.
Il n’échappe à personne que nous vivons depuis plusieurs années dans un contexte international de crise économique avec une augmentation constante des inégalités socio-spatiales. Ce contexte difficile tend à redonner une actualité à la problématique du développement. Pour tenter de juguler les effets dévastateurs de la globalisation, avec son lot de délocalisations, augmentation du chômage, etc., une relocalisation de certains pans de l’économie est en train de se produire. C’est ce que nous appelons la dialectique global/local qui donne naissance à un nouveau terme « glocal ». Pecqueur (2006) cite Cohen : la mondialisation peut se comprendre comme un enracinement dans le local et un déracinement planétaire. On assiste à un foisonnement d’initiatives issues des territoires dans des démarches ascendantes. André Torre (2015) identifie « une révolution du développement, provenant des territoires eux-mêmes et de leurs parties prenantes, acteurs productifs ou forces de la société civile ». Pecqueur parle également de « moment territoire » dans la régulation globale du système économique (production et consommation) qui permettrait de gérer la fin d’un monde industrialiste indifférent au contexte géographico-culturel.
Lamara (2009) cite Guigou qui avançait, en 1997, 5 raisons majeures pour expliquer le retour du local dans le contexte de mondialisation de l’économie : « la mobilité qui caractérise l’économie mondiale suscite, en retour, le besoin de sédentarité ; l’éphémère engendre le besoin de repérer ; l’homogène entraîne le besoin de différences ; la perte d’identité nationale suscite la montée en puissance des régionalismes ; la mondialisation des marchés redonne une valeur accrue aux produits locaux. »
Notre territoire d’analyse, le Pays gapençais, n’échappe pas à cette tendance mondiale. Nombre de programmes et de financements encouragent une relocalisation de l’économie s’appuyant sur les ressources territoriales, dont le programme européen LEADER (Liaison entre actions de développement de l’économie rurale) que nous détaillerons par la suite. Quel rôle joue l’ESS dans cette relocalisation ? Il existe de nombreuses initiatives ESS sur le territoire du Pays gapençais, et plus largement sur le département des Hautes Alpes. L’emploi salarié dans l’ESS y est d’ailleurs plus élevé qu’aux niveaux régional et national (respectivement 14,2 % pour le Pays gapençais, 13,2 % pour le département des Hautes Alpes, 10 % en PACA et 10,5 % au niveau national en 2015). Toutefois, comme l’écrit Danièle Demoustier, l’ESS entretient des relations complexes avec le territoire.