Mémoire de Rémi Guillem.
La ville de Detroit a vu fleurir depuis vingt ans pléthore de jardins partagés, fermes urbaines coopératives et entreprises sociales liées à l’agriculture urbaine, en partie financée par l’écosystème philanthropique de la région. Ce travail, fondé sur des méthodes mixtes, analyse le développement de ce secteur sur la période 2010-2019. Il démontre en outre que l’agriculture urbaine est devenu une activité économique incontournable du développement urbain et social du territoire.
Ce mémoire, rédigé en anglais, se fonde sur une étude quantitative des dons faits par des fondations à des fermes d’une part (15 000 dons entre 2010 et 2017), mais aussi sur un travail de terrain de 3 mois en immersion dans la ville de Detroit ( 30 entretiens, observations participantes). Cette enquête sociologique a permis d’établir trois observations. Premièrement, les fermiers et fermières de Detroit s’insèrent dans des systèmes d’échanges non-marchands dont ils dépendent pour exercer leur activité : d’une part, des échanges non-monétaires entre elles.eux (troc, services rendus) et d’autre part de dons financés par un écosystème philanthropique extrêmement développé dans cette région du Michigan. Deuxièmement, il y a eu depuis 20 ans un effort militant visant à intégrer la dimension économique de l’agriculture urbaine dans les cercles politico-économiques dominants. Cet effort a mené à sa prise en compte dans les textes réglementaires d’urbanisme ainsi que dans les plans de développement urbains privés. Troisièmement, il existe de grandes inégalités d’accès au ressources économiques entre fermiers, et ces différences s’expliquent notamment par leur insertion dans les réseaux d’échanges non-marchands et leur engagement militant. L’ensemble de ces observations nous a mené à considérer que le développement de l’agriculture urbaine à Detroit dépasse largement le champ des micro-alternatives mais se structure désormais en secteur économique à part entière dans cette ville.