Mémoire de Gaëlle Connaughton.
Ce travail est une réflexion sur les tensions qu’éprouve l’Economie Sociale et Solidaire face à la domination de l’économie classique. À travers une recherche théorique et une analyse de terrain orientée sur les questions d' »utilité sociale », d' »impact social » et sur les conditions de travail des acteurs et actrices de l’ESS, ce mémoire cherche à montrer les paradoxes qui existent au sein de ce secteur.
Ce travail est tout d’abord une réflexion sur ce qu’est l’Economie Sociale et Solidaire aujourd’hui. En réfléchissant aux termes « impact social » et « utilité sociale », ce mémoire cherche à comprendre quels courants de pensée ils reflètent. Le premier, plutôt une ESS qui adopte les exigences du marché compétitif et s’adapte à l’économie classique, et le second, plutôt une ESS qui souhaite transformer l’économie en offrant les réponses les plus justes possibles à des besoins, en essayant de se focaliser sur le travail extra-marchand. Le constat est cependant que la séparation entre ces deux courants de l’ESS est poreuse : toute organisation de l’ESS doit être équilibrée financièrement, quelle que soit la volonté originelle de ses créateurs.trices. C’est ce qui amène des paradoxes, que ce mémoire cherche également à mettre en valeur. Par exemple, malgré le fait que la lutte contre la précarité soit une des raisons de vivre de l’ESS, beaucoup d’acteurs.trices de ce secteur acceptent eux.elles-mêmes souvent des conditions de travail instables. Ce travail s’accompagne enfin d’une réflexion sur les dépassements possibles de ces paradoxes, c’est à dire la réaffirmation collective du terme d' »utilité sociale », pour prôner ensemble une co-construction de ce que signifie « utilité », et donc par la même une réponse aux besoins plus démocratique.