Mémoire de Benjamin Pascal.
La coopérative de production a été conçue comme une organisation répartissant également la propriété de l’outil de production entre les salariés. Mais qu’en est-il de la dimension subjective de la propriété ? Peut-on dire que tous les salariés d’une coopérative se sentent également propriétaires de l’organisation ?
Empruntant aux travaux de la psychologie architecturale et de la géographie sociale, le présent mémoire vise à adapter la notion de « propriété subjective » au champ du travail et de l’organisation. Deux apports principaux de ce mémoire. D’abord, nous avons élaboré à la suite d’une première série d’entretiens une définition de la propriété subjective de l’outil de production. Elle est un rapport particulier à l’entreprise, caractérisé par un fort engagement au travail, un sentiment de pouvoir et d’influence sur le destin de l’organisation et de familiarité à l’organisation. Une deuxième série d’entretiens, accompagné d’une ethnographie au sein d’une coopérative du BTP, nous a permis d’établir que la propriété subjective de l’organisation est inégalement répartie entre les différents membres de l’organisation, fragilisant ainsi l’ambition égalitaire de la coopérative. Ancienneté dans l’organisation, position hiérarchique, origine sociale, intégration du salarié dans l’organisation, nous avons exploré les diverses causes de cette appropriation subjective différenciée de l’outil de production. Piochant dans les concepts de la psychosociologie et de la sociologie clinique, nous montrons que l’appropriation subjective de l’organisation est influencée par des facteurs sociaux et psychiques.