Entre alternative économique et mouvement social, l’ESS a-t-elle rempli son pari face à un capitalisme moralisé ?

Mémoire d’Emilie Bourdon.

Le pari de l’ESS est audacieux et pourtant si vital dans un monde où le capitalisme continue son expansion et par effet domino son étranglement. La capacité à construire ensemble portée par l’économie sociale et solidaire se doit néanmoins de s’inscrire dans un projet politique renouvelé et à l’épreuve des mutations modernes. À travers ce dossier, nous répondrons à cette place qu’occupe réellement l’ESS dans cet écosystème déjà bien bridé et quelles en sont les freins à son universalité.

Dans un contexte extrêmement difficile où l’individualisation et la résignation enfoncent ses racines, l’économie sociale et solidaire devient un véritable message d’espoir pour les générations actuelles et futures afin de reprendre pied dans leur système démocratique et pour endiguer les inégalités. Le pari de l’ESS est simple, même malgré la pluralité des acteurs et organes qui la composent : impulser une alternative politique et économique par le biais de mouvements sociaux et nouveaux espaces vecteurs de démocratie. Y est-elle parvenue ? La première réponse serait de dire en partie tant le chemin est long et fastidieux. Par toutes les fractures et les rapports de force organisés, la bataille idéologique est activée avec des retombées prometteuses notamment en termes de reconnaissance publique d’intérêt général et une place de plus en plus solide dans l’échiquier des entreprises et de plaidoyers en France. Cependant, et les règles de départ étaient bien connues, le capitalisme à échelle globale de par sa construction sait s’adapter et répondre aux nouvelles frondes portées contre lui. Par construction, ce dernier doit subsidier seul. L’ESS l’a pour le coup beaucoup déstabilisé, mais ses réserves restent sécurisantes. Malgré cela, la riposte s’organise.